Daniel Barbry, peintre de paradoxe au croisement du surréalisme et du romantisme invente son propre univers, à l’instar de Dali, empreint de profondeur et d’humour.
Il crée une peinture minutieuse, presque photographique ; par addition d’éléments réalistes, il peint des situations insolites, parfois drôles et/ou sensibles ou les rochers en suspension côtoient les nuages. L’œuvre de Daniel Barbry suscite questions et réflexions : ses titres sont souvent titrés de citations de grands auteurs tels que Michaux, Breton…
A l’écart de tout mouvement pictural, il poursuit ses propres chemins de traverses où rêve et réalité s’alchimisent pour former l’œuvre.
La composition de ses toiles sort tout droit de son imaginaire mais sa technique, elle, est héritée des grands maîtres du passé.
Apprécier l’œuvre de Daniel Barbry c’est apprécier un regard qui parle et fait écho d’une manière ou d‘une autre en chacun de nous.
Note de l’artiste autour du surréalisme
Que rien ne retombe
En premier lieu, ceci : le surréalisme, né de la plume d’André Breton en 1924, ne définit rien moins qu’une posture, proprement humaine, et qui a produit depuis des millénaires une pléthore d’œuvres que nous admirons évidemment encore de nos jours : la sculpture égyptienne, ses Anubis, Horus, etc., l’art amérindien, la sculpture grecque, son Minotaure, ses centaures, ses sirènes, sa Victoire de Samothrace, etc., la peinture d’un Fra Angelico, d’un Jérôme Bosch, d’un Pieter Brueghel l’ancien, d’un Monsù Desiderio, d’un Albrecht Dürer, d’un Gaspard David Friedrich, d’un Arnold Böcklin, d’un Hubert Robert, d’un William Turner, la colère sèche d’un Lautréamont, l’humour noir d’un William Blake, d’un Jonathan Swift, d’un William Shakespeare, l’infinité intime d’un Beckett, la mouvance comminatoire des œuvres pour chœur de György Ligeti, la liste est illimitée.
L’imagination, l’émerveillement, l’énigme,
L’attention studieuse portée sur le conflit entre rêve et réalité, entre imaginaire et réel,
Le non-conformisme, le mystère,
L’inventivité, la mélancolie,
Le paysage ou l’objet comme états d’âme,
Cette constance à se demander « qu’est-ce que je vois ? »,
Cette conviction : tout ce qui nous entoure nous est en premier lieu passé sous silence,
Pointer ce silence, faire parler sa source,
Dévoiler ce qui se refuse au regard :
Le propre de l’Homme.
Bricoleur, fouineur, explorateur, nomade en toutes choses.
L’explorateur ne cherche rien. Il ignore tout de son avenir.
Se donner un mal fou pour faire entendre ou pour montrer ce que l’on ne voit toujours qu’au-delà…
L’esprit découvre – dévoile- ses recoins, ses illuminations, des frayages, méconnus de lui, et qui le déroutent.
La marche crée les paysages. Les dévoile.
Il reste à se les domestiquer, c’est-à-dire à en former, si possible, une série de désignations, propres à être engrangées, pour les transmettre.
Ce qui ne peut se réduire à la désignation, le mystère, ne peut se transmettre que directement. Tel quel.
Et ne peut, par cette transmission, que rejouer son rôle d’inquiétante étrangeté.
« La peinture vient en peignant » énonçait Dorothea Tanning.
Seule (?) méthode humaine permettant d’échapper aux simulacres convenus.
Après vient le temps de la troublante découverte de ce qui a été fait.
Procéder selon la technique définie par Breton du lâcher prise, de l’automatisme, ne produit pas, bien évidemment, que des œuvres que l’on peut ranger au registre de « l’imagerie surréaliste » : certaines relèvent du romantisme, d’autres du symbolisme, d’autres encore peuvent valablement appartenir à ce que l’on a appelé la nouvelle figuration.
Tout se résume en ceci : ne s’agit-il pas que de parcourir, au milieu du monde, son humanité ?
Daniel Barbry